Textes et nouvelles d'ici et d'ailleurs

Comme je vous le disais dans un autre topic, le prof qui nous a emmené au théâtre l'autre jour nous a donné quelques textes de l'auteur que je trouve vraiment chouettes. Le premier est sur la page d'accueil même de son site, je vous laisse le découvrir. Et histoire que ce topic ne serve pas qu'à ça, je vous invite à partager à votre tour avec nous les textes que vous avez pu lire et apprécier ou, si l'envie vous prend, de nous proposer vos propres textes.

Le scarabée est un insecte qui se nourrit des excréments d’animaux autrement plus gros que lui. Les intestins de ces animaux ont cru tirer tout ce qu’il y avait à tirer de la nourriture ingurgitée par l’animal. Pourtant, le scarabée trouve, à l’intérieur de ce qui a été rejeté, la nourriture nécessaire à sa survie grâce à un système intestinal dont la précision, la finesse et une incroyable sensibilité surpassent celles de n’importe quel mammifère. De ces excréments dont il se nourrit, le scarabée tire la substance appropriée à la production de cette carapace si magnifique qu’on lui connaît et qui émeut notre regard : le vert jade du scarabée de Chine, le rouge pourpre du scarabée d’Afrique, le noir de jais du scarabée d’Europe et le trésor du scarabée d’or, mythique entre tous, introuvable, mystère des mystères.
Un artiste est un scarabée qui trouve, dans les excréments mêmes de la société, les aliments nécessaires pour produire les œuvres qui fascinent et bouleversent ses semblables. L’artiste, tel un scarabée, se nourrit de la merde du monde pour lequel il œuvre, et de cette nourriture abjecte il parvient, parfois, à faire jaillir la beauté.

WM.

http://www.wajdimouawad.fr/

Edit : En le voyant signer son texte, je vois que mon pseudo porte les mêmes initiales que lui. Hi hi hi !

Sympa j'aime beaucoup la conclusion c'est trop ça!

J'irais lire les autres bientôt.

Perso j'aime pas le style d'écriture, mais c'est un gout personnel.

Ah ouais ? Qu'est-ce qui te dérange dedans ? Le côté "La Vie des Animaux" ? ^^

Gasto ==> Apparemment les autres ne sont pas sur sont site... Le prof les a choppés sur des brochures.

Mouais... J'aime pas trop la conclusion. Elle font passer les artistes pour des surhommes. Alors que pour moi, ils sont plus flemmards qu'autre chose :p

Moi ce que j'aime pas dans son texte c'est l'effet de répétition qu'il utilise pour son développement, et aussi le fait qu'on voit très bien où il veut en venir avant la moitié du texte.

Ah ? J'avais rien anticipé moi !
Après, c'est normal que tout le monde n'accroche pas sur ce genre de texte...

Isp ==> Je suis pas tout à fait d'accord avec toi. L'auteur ne dit pas : "Les artistes sont super, avec vos conneries ils font des trucs trop beaux !" (oui, je sais, j'exagère). Mais dans la définition même, il a raison : les plus grandes œuvres sont nées des douleurs du monde. La guerre, l'abandon, la mort sont des terreaux très fertiles pour exprimer l'amour, l'amitié, la vie...
L'auteur ne dit pas que les artistes font toujours des trucs géniaux. Il conclue en disant que cela arrive "parfois".

Et je vais remettre le texte dans son contexte, ce que j'ai le tord de n'avoir pas fait en le postant : Mouawad a écrit ça lors de la rentrée de son théâtre, alors que le programme était publié. Il ne s'est pas réveillé un matin en se disant "Tiens ! Je vais faire l'apologie du travail d'artiste aujourd'hui !" Il y a bien sûr un but derrière.

Quant à ta remarque sur les artistes flemmards... Mouais... Combien galèrent toute leur vie et combien de millionnaires ? Sans même parler d'argent, combien arrivent un jour à obtenir un soupçon de reconnaissance ? Si on parle de ces peintres qui présentent un carré blanc sur un fond noir et qui le vendent une fortune, je suis d'accord. Mais ne généralisons pas, c'est trop facile.

(J'aime bien quand ce genre de topic part en débat... )

C'est vrai que la lecture est un peu indigeste, j'aurais formé les phrases différemment. Mais j'aime bien le message, qui définit particulièrement bien l'écrivain satirique ou poètique, qui transforme ses souffrances et celle du monde en quelque chose de beau/comique avec un message derrière.

Et derrière ça il en profite pour nous rappeler que la scarabée est quelque chose de beau, qu'il fait partie de la vie et qu'il est lui-même la vie. Aussi minable il peut paraître, il a son utilité comme un lion, un goellan, ou un asticot visqueux (même un champignon ^^)

Mais l'artiste n'est pas un surhomme, c'est souvent quelqu'un de plus sensible que la moyenne, qui n'a pas forcément une bonne image de lui-même, et quand la souffrance ne l'anéantit pas, il en fait un moteur.

(Après il y a des mots "dérangeants" comme "oeuvre", "créer", "création" qui peuvent faire penser que l'artiste se croit mieux que les autres. Je crois que ceux-ci sont une minorité des milieux "riches", qui comme l'a dit White font une énorme tâche rouge sur une toile et racontent des conneries à son sujet pour la vendre cher, le tout emballé dans une épaisse couche de vanité...)

Mince je philosophise il me faut une bière

Résurrection, car je viens de lire un poème génial !

L'Ogre et la Fée

Un brave ogre des bois, natif de Moscovie,
Etait fort amoureux d'une fée, et l'envie
Qu'il avait d'épouser cette dame s'accrut
Au point de rendre fou ce pauvre coeur tout brut ;
L'ogre, un beau jour d'hiver, peigne sa peau velue,
Se présente au palais de la fée, et salue,
Et s'annonce à l'huissier comme prince Ogrousky.
La fée avait un fils, on ne sait pas de qui.
Elle était, ce jour-là, sortie, et quant au mioche,
Bel enfant blond nourri de crème et de brioche,
Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso,
Il était sous la porte et jouait au cerceau.
On laissa l'ogre et lui tout seuls dans l'antichambre.
Comment passer le temps quand il neige, en décembre
Et quand on n'a personne avec qui dire un mot ?
L'ogre se mit alors à croquer le marmot.
C'est très simple. Pourtant c'est aller un peu vite,
Même lorsqu'on est ogre et qu'on est moscovite,
Que de gober ainsi les mioches du prochain.
Le bâillement d'un ogre est frère de la faim.

Quand la dame rentra, plus d'enfant ; on s'informe.
La fée avise l'ogre avec sa bouche énorme :
As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j'ai ?
Le bon ogre naïf lui dit : Je l'ai mangé.

Or c'était maladroit. Vous qui cherchez à plaire,
Jugez ce que devint l'ogre devant la mère
Furieuse qu'il eût soupé de son dauphin.
Que l'exemple vous serve ; aimez, mais soyez fin ;
Adorez votre belle et soyez plein d'astuce;
N'allez pas lui manger, comme cet ogre russe,
Son enfant, ou marcher sur la patte à son chien...
Victor HUGO, Toute la lyre, (1861)

J'ignorais que l'ami Victor avait donné dans ce registre... ^^

Sympa oui. ^^

Pas mal!

C'est clair marcher sur la patte du chien c'est encore plus grave...